La réforme du primaire

Publié le par Patrice HUIBAN

La croix.com, le 03-03-08

Mal notée, la France se recentre sur les "fondamentaux"


Le ministre de l'éducation Xavier Darcos veut d'ici à 2012 diviser par trois le nombre d'élèves sortant du primaire avec de graves difficultés

Certains de ses prédécesseurs avaient feint d’ignorer les classements internationaux, du moins d’en minimiser la portée. Xavier Darcos, lui, a préféré encaisser le coup et prendre appui sur ces comparaisons peu flatteuses pour mieux faire accepter sa volonté de réforme. Le ministre de l’éducation nationale – qui, diront ses détracteurs, n’est pas totalement étranger aux mauvaises notes de la France puisqu’il a notamment occupé, de 2002 à 2004, le fauteuil de ministre délégué à l’enseignement scolaire – a même pris les devants en rendant publics, lors d’une interview radio, en novembre dernier, les résultats de l’enquête PIRLS 2007, tout aussi défavorables que ceux de l’enquête Pisa et qui viennent confirmer un rapport alarmant du Haut Conseil de l’éducation paru fin août.

Le ministre l’admet donc volontiers : la France peut mieux faire. Et pour cela, Xavier Darcos veut attaquer le mal à la racine, autrement dit dès l’école primaire, avec un recentrage sur les " fondamentaux " que constituent les mathématiques et le français. " Quand on ne sait pas lire, quand on ne comprend même pas les intitulés des sujets, on ne peut s’en sortir dans aucune matière ", insiste-t-on rue de Grenelle.

" Le risque, c’est un retour de balancier qui vienne réduire l’importance accordée à l’enseignement de l’histoire-géographie et des sciences ", réagit Gilles Moindrot, le secrétaire général du SNUipp, qui observe par ailleurs avec scepticisme la volonté affichée par le ministère de privilégier à nouveau le calcul mental et la mémorisation de certains savoirs. " Ce n’est pas parce qu’on apprend par cœur des règles de grammaire qu’on est à même de les appliquer ", dit-il.

Des stages de remise à niveau gratuit pour les CM1 et CM2

Annoncée par Nicolas Sarkozy à la mi-février puis précisée une semaine plus tard par Xavier Darcos, la réforme du primaire prévoit en tout cas de nouveaux programmes, mais aussi un bouleversement des emplois du temps. Plus de cours le samedi matin dès la rentrée prochaine. Les deux heures d’enseignement hebdomadaires ainsi " libérées " seront mises à profit par les professeurs pour aider (le reste de la semaine, pendant la pause de midi ou en soirée) les élèves les plus en difficulté à combler leurs lacunes.

En CM1 et CM2, les enfants à la dérive, dont les familles, bien souvent, n’ont pas les moyens de solliciter des organismes de soutien scolaire, se verront dès à présent proposer gratuitement des stages de remise à niveau pendant les vacances de printemps et d’été. Ces sessions seront animées par des enseignants volontaires, rémunérés sous forme d’heures supplémentaires. " Une vraie fausse bonne idée ", tempère Luc Bérille, le secrétaire général du syndicat SE-Unsa, qui craint que ces stages d’une semaine ne s’avèrent, dans bien des cas, contre-productifs.

" Ils risquent de priver les enfants d’une phase de récupération d’autant plus précieuse que les élèves en difficulté sont ceux qui se fatiguent le plus rapidement. Les résultats escomptés ne seront pas forcément au rendez-vous, car les stagiaires risquent de passer l’essentiel de la semaine à s’adapter à des méthodes pédagogiques différentes de celles qu’ils connaissent le reste de l’année ", commente-t-il.

Pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, la division par trois, en cinq ans, du nombre d’élèves quittant l’école primaire avec de graves difficultés, Xavier Darcos entend aussi soumettre les enseignants à une évaluation indirecte, prenant en compte, au niveau du CE1 et du CM2, les résultats de sa classe et ceux de son établissement. Une enquête nationale sera lancée en ce sens, dès l’an prochain, pour faciliter les comparaisons.

Denis PEIRON

Le gouvernement a compris, comme l'avait souligné le groupe de travail, la nécessité de traiter l'échec scolaire et la faillite de l'ascenseur social à la racine et non dans le secondaire où le décrochage est trop grand. L'idée est de compenser les "handicaps" sociaux et environnementaux de l'enfant par un soutien individualisé en plus des horaires de classe.

Cependant, le principe évoqué d'évaluation en CE1 et CM2 de l'efficacité du service public de l'enseignement doit être précisé. Le pôle jeunesse a suggéré un examen national en CM2 qui n'aurait pas pour but direct de statuer sur le passage en 6e, mais qui devrait vérifier l'acquis des fondamentaux par la grande majorité des enfants entrant au collège. En fonction des résultats locaux et nationaux, des mesures pourraient être prises à l'échelon central mais surtout local pour adapter et améliorer les approches pédagogiques tout comme l'aménagement du temps scolaire.
Affaire à suivre donc...


Patrice HUIBAN.

Publié dans Nouvelles récentes

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